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"Théorie du genre" à l'école P2

, 07:57am

Publié par Lokidor

Cet article est la suite de "L'introduction de la théorie du genre à l'école Partie I" (Blog) Il est consacré uniquement à un extrait vidéo sélectionnée par Farida Belghoul et Egalité Réconciliation dans lequel nous sommes censés assister au témoignage dit "excellent" d'un professeur de lycée qui serait contraint et forcé d'enseigner la fameuse "théorie du genre". Néanmoins je vous conseille de consulter la totalité du discours du professeur. Nous appellerons V1 la vidéo que nous avions commencé à analyser dans la Partie I et qui est celle affichée ci-dessus (http://www.dailymotion.com/video/x17t0pl_farida-belghoul-sur-l-introduction-de-la-theorie-du-genre-a-l-ecole_news#from=embediframe) ; et nous appellerons V2 la vidéo qui présente la totalité de l'intervention. (http://www.dailymotion.com/video/x1536e4_la-theorie-du-genre-dans-nos-ecoles-isabelle-ami_news?start=245)

"L'excellente conférence d'Isabelle Ami" (11:35 V1)

Farida Belghoul propose d'écouter le témoignage du professeur: "elle montre comment on l'oblige, elle en tant que professeur de biologie, à enseigner la théorie du genre. Ecoutons-là" (11:50 V1) Quelle ne fût pas ma surprise quand je découvrais qu Isabelle Amie ne nous parlait ni des contenus ni du déroulement de son enseignement mais uniquement des "intervenants extérieurs et des productions des élèves" (V2).

Je suis allé consulter la totalité de "l'excellente conférence" (V1), et j'ai rapporté le plan annoncé par le professeur en introduction de son discours sous forme de diapositive : 1/ "les programmes officiels de SVT" ; 2/ "les contenus des manuels de SVT et les cours" ; 3/ "les intervenants extérieurs et les productions des élèves". (2:20 V2) Je me suis alors demandé pourquoi Farida Belghoul et l'équipe d'ER avaient choisi de taire le témoignage du professeur sur la manière dont on l'obligeait dans ses cours à parler du genre. Pourquoi substituer ce témoignage par un témoignage sur les "intervenants extérieurs" et les expressions des lycéens ? Et pourquoi le faire de façon masquée ? La réponse est que l'intervention d'Isabelle Ami est loin d'être "excellente" et qu'il ne fallait espérer convaincre qui que ce soit en exposant cette partie de la conférence. En manque d'arguments, Farida et ses acolytes essaient de nous amidouer (néologisme qui signifie amadouer à la façon d'Isabelle Ami, c'est à dire de manière médiocre)

Des images qui parlent toutes seules

Isabelle Ami prévient en introduction qu'elle se contentera de montrer des images sans faire aucun commentaire parce que les images parleraient d'elles-mêmes. C'est bien un paradigme puissant chez les théoriciens naturalistes que de croire que le sens est incorporé dans les choses. C'est pour cela qu'ils déduisent tout de la nature en omettant le medium qu'est la signification que projette l'homme sur les choses qu'il observe : pas de sens sans signification projetée. Les images ne parlent pas de la même manière à tout le monde car chacun y projette un signification. Ces images sont des encadrés intégrés dans les manuels de SVT. Elles sont accompagnées d'un commentaire que semble vouloir ignorer Isabelle Ami. Dans un manuel, les encadrés ne représentent pas le centre des savoirs à transmettre : c'est un complément ou une parenthèse (une a deux pages maximum concernant le genre). Autrement dit, il n'est pas besoin de consacrer une heure de cours pour ce que l'on peut considérer comme un aparté que les élèves peuvent consulter par eux-mêmes. De plus, Isabelle Ami fait passer la connaissance sociologique ou ethnologique comme une incitation à devenir ce que l'on voit. Dans ce cas, cessons d'enseigner la colonisation aux élèves de peur qu'ils ne deviennent des colonisateurs racistes. C'est ridicule!

Comme il est précisé dans un article du Monde :

"Quelques lignes, un paragraphe tout au plus, distinguant l'"identité sexuelle" de l'"orientation sexuelle" dans des manuels de biologie de 1re L et ES : ça peut sembler peu. Et pourtant, cela a suffi à mettre le feu aux poudres à l'été 2011, quelque 80 députés réclamant leur retrait. Sans succès." (Note N° 2)

C'est parce qu'il n'y a rien que Farida Belghoul a choisie de ne pas diffuser la partie de la conférence d'Isabelle Ami sur le contenu des manuels et de son enseignement ; et c'est pour cette raison qu'Isabelle Ami a fait une intervention médiocre.

Donc un paragraphe uniquement pour les premières L et ES, et non pour l'ensemble des classes (premières et terminales comprises) suffirait à parler d'introduction de "la théorie du genre" à l'école, ou plus précisément, serait une incitation à l'homosexualité !

SOS homophobie

Retournons à l'analyse de la vidéo principale qui nous intéresse. Analysons donc l'extrait de la conférence-débat d'Isabelle Ami de l'introduction de "la théorie du genre" en dehors de son cours et des manuels de SVT. Nous apprenons que des intervenants de SOS homophobie investissent des classes à l'occasion de la journée contre les discriminations, qui a lieu une fois l'an. Difficile de parler d'invasion à propos d'une journée annuelle. Comme dirait Farida Belghoul il y a de quoi "mourir de rire". Isabelle Ami critique le contenu de ces interventions alors qu'elle avoue elle même ne pas avoir "une visibilité de ce qui est dit". (12:35 V1) Il semblerait qu'Isabelle Ami n'ait pas cherché à savoir. Cela lui suffit amplement de connaître le thème de la journée et le type d'intervenants pour en déduire un contenu négatif et dangereux. Elle est l'exemple vivant du culte des a priori et des stéréotypes, elle qui semble croire que parler d'homosexualité à l'école rendrait homosexuel.

Soulignons que SOS homophobie intervient depuis plus de dix ans dans des collèges et des lycées. Cette association a obtenue un agrément national en 2009 par le ministère de l'Education nationale, ce qui a fortement contribué à intervenir dans plus d'établissements. Il est bien précisé sur la plaquette de l'association que "l'objet de l'intervention en milieu scolaire est la lutte contre l'homophobie et non la sexualité, notamment homosexuelle". (http://www.sos-homophobie.org/sites/default/files/plaquette_ims.pdf) Le choix de prendre la lutte contre l'homophobie comme moyen d'introduire en douce la "théorie du genre", comprise par Farida Belghoul, comme un encouragement à l'inversion entre sexe anatomique et genre, et particulièrement à l'homosexualité, est non pertinent. La diabolisation d'une "théorie du genre" de type complotiste sert de prétexte à une expression homophobe, tout comme chez certain l'antisionisme est là pour masquer un antisémitisme réel.

La propagande

Ensuite notre Ami nous dit qu'elle va aborder "les productions des élèves". Elle commence par citer la dernière phrase d'un article d'un numéro du journal des élèves daté de janvier 2013 et intitulé "Les avis sur le mariage homosexuel". Cet article, comme son nom l'indique, expose des avis différents exprimés par les élèves. Je trouve le choix du procédé très démocratique. Mais Isabelle Ami va se contenter d'une phrase dont on ne sait si elle forme la conclusion ou un avis parmi tant d'autres, puisque nous n'avons pas accès à la totalité de l'article. (13:10 V1) Accuser de "propagande" ce qui semble n'être qu'un avis donné librement pas une étudiante (Johanna) dans un article issu d'un exemplaire du journal des lycéens, est plus qu'exageré. La "propagande" martèle par la répétition et la visibilité.

"Mieux vaut un mariage gai qu'un mariage triste"

Puis Isabelle Ami traite de la "la journée culturelle" au lycée dont le thème était "Ces questions qui dérangent". A cette occasion était proposé un concours d'affiches réalisées par les élèves. (13:35 V1) Parmi ces affiches sur lesquelles notre professeur porte un jugement de valeur ("une dizaine de belles affiches"), une la dérange particulièrement parce qu'elle exprime un avis favorable au mariage gai et porte la mention : "Mieux vaut un mariage gai qu'un mariage triste". (13:29 V1) Isabelle Ami veut-elle censurer les affiches qui ne lui plaisent pas, et qui sont élaborées en dehors de sa discipline ? Pourquoi ne parle-elle pas de l'affiche qui a remporté le premier prix et qui sera la plus vue ? (Affiche exposée sur le site web du Lycée : http://www.ac-nice.fr/coudon/spip.php?article408) Parce que cette affiche ne traite pas de l'homosexualité et que, par conséquent, il est impossible de s'appuyer dessus pour parler de "propagande".

Deux élèves s'embrassent dans la cour du lycée

Enfin, penchons nous sur l'anecdote rapportée par Isabelle Ami. (14:54 V1) Une conseillère d'éducation voit deux élèves s'embrasser dans la cour devant tout le monde. Elle leur dit de s'arrêter puis convoque les parents à venir chercher leurs enfants. Je ne vois pas l'utilité de prévenir les parents si un dialogue avec les élèves suffit à ce qu'ils comprennent qu'il ne faut pas s'embrasser dans la cour du lycée. Vous avez tous été jeunes et vous comprenez bien les conséquences que cela peut avoir si des parents apprennent que leur fille, par exemple, a des relations amoureuses avec une autre personne, qui ne correspond pas forcement à leurs attentes. Les conséquences psychologiques chez les jeunes peuvent être terribles. Mais Isabelle Ami qui s'inquiète tant des effets de la "théorie du genre" sur les jeunes, se contre fiche paradoxalement du bien être psychologique de ces jeunes. Elle soutient la conseillère d'orientation et la présente comme une victime parce qu'elle doit justifier la "sanction". Justifier n'est pas condamner mais rendre compte pour faire comprendre ; faire comprendre aux élèves notamment.

Tout se complique lorsqu'on sait que les deux élèves en question sont des filles. C'est à se demander si l'objectif est d'aider les adolescentes ou de leur mettre la honte devant leurs parents. C'est aux adolescentes, le moment venu, si elles le souhaitent, d'annoncer à leur manière leur homosexualité aux parents et non à une conseillère d'éducation de leur voler ce moment essentiel dans leur histoire (coming out) et dans leur relation familiale. C'est un viol intrusif dans la vie privée et intime, même si elles s'embrassaient en public, car elles le faisaient loin du regard des parents.

Le pédopsychiatre et psychanalyste Christian Flavigny qui consacre un chapitre au sujet de l'annonce de son homosexualité aux parents, condamnerait je pense ce type de comportement psychorigide de la conseillère d'orientation. (Note N° 1 : pp. 197-203) Pourtant Christian Flavigny réduit également la "théorie du genre "a une inversion de sexe et se concentre essentiellement sur l'homosexualité. Mais il s'oppose également à la théorie naturaliste prônée par ER. Ces derniers ne seraient-ils pas particulièrement psychorigides, avec une vision de l'éducation des enfants qui date du XIX ème siècle, de type punitive ?

  • La réponse de Farida Belghoul

Farida Belghoul ne critique pas le soutien d'Isabelle Ami à la conseillère. Cela laisse présager de ce que serait l'éducation de type Egalité et Réconcialition. Il n'y a qu'une aversion de l'homosexualité qui puisse justifier ce type de violence éducative vis à vis d'adolescentes. Car il y a une méconnaissance notable des répercussions que peut avoir la non reconnaissance de l'homosexualité de l'enfant par ses parents. Une méconnaissance de la fragilité de ces adolescents. La psychothérapeute Marina Castaneda précise que "les statistiques démontrent clairement que le nombre de tentatives de suicides est beaucoup plus élevé chez les jeunes homosexuels rejetés par leurs parents, ainsi que la dépression et les conduites à risques (abus de drogues et d'alcool, promiscuité)." (Note N° 3 : p. 126) "Les adolescents gais ou les lesbiennes sont de deux à trois fois plus à risque de se suicider que les autres adolescents et plus de 30% des suicides adolescents sont le fait des gais ou des lesbiennes." (Note N°4 : p. 86) Cette tendance relevée au Québec est valable aussi pour la France.

Il semblerait que Farida Belghoul et Isabelle Ami ne soient pas crédibles pour aborder le sujet de l'homosexualité chez les enfants (y compris les adolescents). A des postes de pouvoir je vous laisse imaginer les dégâts que cela pourrait faire. Et pourtant je vous cite le discours de Farida Belghoul :

"Je veux bien croire que des enfants ou des adolescents souffrent au point de se croire enfermer dans un corps qui n'est pas le leur, ou qu'ils souhaitent avoir un sexe qui n'est pas le leur. Et ce qui me choque énormément ce n'est pas tant cette angoisse et cette souffrance chez les enfants et les adolescents : c'est la réponse de la société ; c'est la réponse des institutions. Quelle est la réponse ? La réponse ce n'est pas une réponse spirituelle qui pourrait accompagner l'enfant dans une espèce de reconsidération de lui même et de ré-enracinement par rapport à sa propre nature. On a une réponse qui est mercantile, qui est matérialiste. Et sur la souffrance de ces enfants, sur la souffrance de ces adolescents (..) on cherche à faire du fric (...)" (24:08 V1)

Je vous laisse juger de la réponse "spirituelle" et de "l'accompagnement" qui consiste à créer un choc violent et pour les enfants et pour les parents qui peut être destructeur. Tel est la manière dont elle conçoit la réponse de la "société" et des "institutions". L'écart entre ce qui est dit et ce qui est fait est énorme. Nous verrons dans la Partie III que Farida Belghoul et ER utilisent les enfants pour des raisons idéologiques plus que pour leur bien être.

La manipulée manipule : la tournante de la manipulation

Vous venez d'avoir un exemple évident de la manipulation opérée chez Egalité et Reconciliation dont Farida Belghoul est un relaie d'opinion. Farida Belghoul estime avoir été trompée par le PS lors de la marche pour l'égalité. Elle a certainement raison. Mais ce dont elle ne se doute pas est qu'elle a été approchée par ER sur la croyance que celui qui a été manipulée une fois se laissera bien manipuler une seconde fois. Sous entendu qu'elle doit avoir un terrain psychologique pour cela. Le risque est qu'elle se retrouve dans une espèce de tournante de la manipulation. Chose étrange que celle qui fût manipulée est également manipulatrice, comme je vous en est fait la démonstration. Que penser de la manière dont doivent nous considérer ces gens d'ER lorsque, pour nous convaincre, ils nous mentent et jouent sur la forme au détriment du contenu et de l'argumentaire. Est-ce à dire qu'ils sont si peu soucieux de la vérité ? ; que ce qui compte le plus chez eux c'est le pouvoir ? Que penser de ceux qui crient à la manipulation mediatique et qui utilisent des procédés similaires ,voire pires, en propageant des mensonges gros comme une maison ? Je vous laisse juger. J'ai essayé de vous servir des preuves sur un plateau. La Partie III sera bientôt dans les bacs. Tremblez imposteurs !

Bibliographie

Note N°1 : Christian Flavigny, La querelle du genre, Faut-il enseigner le "gender" à l'école ?, PUF, 2012

Note N° 2 : http://www.lemonde.fr/education/article/2013/04/19/diversite-egalite-sexualite-les-manuels-scolaires-veulent-se-mettre-a-la-page_3162831_1473685.html

Note N° 3 : Elisabeth Thorens-Gaud, Adolescents homosexuels, Des préjugés à l'acceptation, Favre, 2009

Note N°4 : http://publications.gc.ca/collections/Collection/SW21-103-2003F.pdf